Chapitre 2

 

Jeune, Sébastian Wroth attendait tout de la vie et, membre d’une grande famille, riche et aimanté, il estimait que tout lui était dû.

Il voulait fonder un foyer, s’installer dans sa propre demeure et entendre rire le soir autour de la cheminée, mais surtout, surtout, il voulait une épouse, une femme qui n’appartienne qu’à lui. Admettre devant cette… créature qu’il n’avait rien obtenu de tel l’avait couvert de honte.

Au départ, il l’avait prise pour un ange chargé de le libérer. Elle en avait tellement l’air ! Ses longs cheveux blonds paraissaient presque blancs à la lumière des bougies. Ses yeux couleur café, ourlés d’épais cils sombres, formaient un contraste saisissant avec ses boucles claires et ses lèvres rouges. Sa peau parfaite, à peine dorée, mettait en valeur ses traits fins, délicats.

Pourtant, si exquise qu’elle soit, elle maniait d’une main sûre une arme meurtrière. Son épée à double tranchant comprenait un ricasso, juste sous la poignée – une zone non aiguisée qui permettait à l’utilisateur expérimenté de passer le doigt par-dessus la garde pour mieux contrôler le trajet de la lame.

Ce n’était idéal ni pour se défendre ni pour combattre, mais il n’existait rien de mieux pour délivrer une mort rapide et discrète.

Un ange de la mort. Fascinant.

Sebastian ne méritait pas d’emporter comme dernière image de ce monde un visage pareil.

Oui, il avait cru avoir affaire à une créature divine… jusqu’au moment où il avait vu son regard brûlant dériver vers le bas. Là, il avait compris que la visiteuse était de chair et de sang – ô combien ! Et il avait maudit son corps inerte, inutile. Humain transformé, il ne respirait pas, son cœur ne battait pas, le sexe n’existait pas pour lui. Il ne pouvait la posséder, même s’il lui semblait… même s’il lui semblait que cette beauté serait peut-être prête à l’accueillir.

Jamais encore il n’avait regretté de ne plus connaître les plaisirs charnels. Son expérience humaine en la matière avait été limitée – très limitée – par la guerre, la famine, et tout simplement la nécessité de survivre. Voilà pourquoi il ne s’était pas senti privé de grand-chose depuis sa transformation.

Jusqu’à présent.

Jamais non plus il n’avait été attiré par les femmes graciles, car si d’aventure il avait réussi à en séduire une, il aurait eu peur de lui faire mal. Or, cette inconnue était la créature la plus frêle, la plus éthérée qu’il ait jamais vue… mais il se demandait malgré tout ce qu’il éprouverait en la portant jusqu’à son lit avant de la dévêtir avec douceur. Son esprit s’enflamma à la pensée de ses grandes mains explorant, caressant ce corps fragile.

Ses yeux se posèrent sur le cou mince puis sur les seins épanouis, haut perchés, qui tendaient le corsage sombre. Cette partie de l’anatomie de la visiteuse n’avait rien de fragile. Il aurait voulu embrasser la poitrine voluptueuse, y frotter son visage…

— Pourquoi me regardes-tu de cette manière ? demanda l’ange blond d’une voix hésitante, stupéfaite, en reculant d’un pas.

— M’est-il interdit de t’admirer ?

À sa propre surprise, il avança d’un pas. D’où lui venait cette impulsion ? Les femmes l’avaient toujours rendu malade de timidité et de maladresse. Si, par le passé, l’une d’elles l’avait surpris à la fixer de cette manière, il aurait détourné les yeux en balbutiant des excuses puis se serait empressé de s’esquiver. Peut-être la perspective de sa mort imminente le libérait-elle enfin.

Jamais encore il n’avait fixé de femme, jamais il n’en avait désiré comme il fixait et désirait cette miniature aux seins opulents.

— C’est le dernier vœu de celui qui va mourir.

— Je connais les hommes. (Elle avait une voix sensuelle, une voix de rêve qui donnait à Sébastian l’impression d’être caressé de l’intérieur.) Tu n’es pas seulement en train de m’admirer.

Elle avait entièrement raison. À cet instant précis, il mourait d’envie de déchirer son corsage, de la jeter à terre et de sucer ses mamelons érigés jusqu’à la faire jouir. De la plaquer au sol, puis de lécher…

— Comment oses-tu te moquer de moi, vampire ?

— Que veux-tu dire ?

Leurs yeux se croisèrent. La visiteuse scruta le visage de Sébastian comme pour y lire ses pensées. Se pouvait-il qu’elle devine vaguement la lutte qui se livrait en lui ? Il oscillait d’une seconde à l’autre entre deux besoins impérieux – l’envie de douceur et celle de s’accoupler avec elle, là, sur le dallage. Mais qu’est-ce qui m’arrive ?

— Je sais que tu ne peux pas éprouver de… de…

Elle laissa échapper un petit grognement de frustration.

— Tu ne peux pas éprouver ce que tu fais mine d’éprouver. C’est impossible, à moins que…

Elle s’interrompit, haletante.

— Tes yeux… ils virent au noir.

Les yeux de Nikolaï devenaient noirs sous le coup de l’émotion, Sébastian s’en souvenait, mais il ignorait qu’il en allait de même des siens. Peut-être parce qu’il n’avait jamais rien ressenti d’aussi violent que son désir pour cette mystérieuse créature.

Il lui semblait qu’il allait mourir s’il ne satisfaisait pas ce désir impérieux…

Le bruit d’une explosion le fit tressaillir. Il regarda autour de lui, aux aguets.

— Qu’est-ce que c’était que ça ?

Elle l’imita, les yeux vifs.

— Mais de quoi veux-tu donc parler ?

— Tu n’entends pas ?

Une secousse de plus, et le château s’écroulerait.

Sébastian devait en éloigner l’inconnue, quitte à sortir au soleil du matin. Il éprouvait brusquement un besoin aigu, irrépressible de la protéger.

— Non !

Les yeux de la belle s’écarquillèrent d’horreur.

— Ce n’est pas possible !

Elle s’éloigna de lui avec des mouvements maladroits, comme ceux d’un serpent prêt à mordre.

Une autre explosion. Il glissa juste devant elle, et elle leva son épée si vite que la lame en devint floue. Il l’attrapa par le poignet, mais elle se débattit – avec quelle force, Seigneur ! Toutefois, il avait apparemment lui-même plus de force que d’habitude, plus qu’il n’aurait jamais imaginé en avoir un jour.

— Je ne veux pas te faire de mal. (Il lui ôta son arme des mains et la jeta sur le lit bas.) Ne bouge pas, je t’en prie. Le toit va s’écrouler…

— Non… mais non ! (Elle fixait avec horreur le torse de Sébastian au niveau du cœur.) Je ne suis pas… je ne suis pas ta fiancée !

La réplique le laissa bouche bée. Ses frères lui avaient expliqué que, quand il rencontrerait sa fiancée, son épouse de toute éternité, elle l’animerait : son corps reviendrait alors à la vie. Il avait toujours pensé qu’il s’agissait d’un mensonge destiné à adoucir l’amertume du méfait perpétré à son encontre.

Mais non, ils avaient dit vrai. Ce qu’il entendait, c’était son cœur, qui battait pour la première fois depuis qu’on l’avait transformé en vampire. Il vacilla en inspirant profondément, respirant enfin au bout de trois cents ans.

Son pouls gagnait en force, en rapidité ; sa soudaine érection palpitait, tendue, au rythme des battements de son cœur. Le plaisir courait dans ses veines. Il avait trouvé en cette créature d’une obsédante perfection sa fiancée – la seule, l’unique, celle avec qui il était censé partager l’éternité.

Son corps s’était réveillé pour elle.

— Tu sais ce qui m’arrive ? demanda-t-il.

Elle déglutit en continuant à reculer.

— Tu changes.

Ses sourcils blonds se froncèrent jusqu’à se rejoindre, puis elle ajouta dans un murmure quasi inaudible :

— Pour moi.

— Oui. Pour toi. (Il s’approcha d’elle, l’obligeant à lever les yeux vers lui.) Pardonne-moi. Si j’avais su que ces histoires étaient vraies, je serais parti à ta recherche. Je t’aurais trouvée, d’une manière ou d’une autre…

— Non.

Comme elle vacillait, il posa la main sur son épaule pour l’aider à garder l’équilibre. Elle tressaillit, mais ne se déroba pas.

À cet instant précis, il s’aperçut qu’elle changeait, elle aussi. Des reflets argentés scintillaient dans ses yeux brillants ; une larme glissait sur sa joue.

— Pourquoi pleures-tu ?

Avant qu’il ne soit transformé en vampire, les larmes des femmes avaient le don de le bouleverser ; à présent, celles de sa fiancée le transperçaient tels des poignards. Il lui écarta les cheveux du visage en inspirant brusquement, un souffle hésitant, maladroit. Elle avait les oreilles pointues… et des crocs minuscules, qui ne se voyaient que de près.

Il ne savait pas à quelle sorte de créature il avait affaire, et il s’en fichait.

— Ne pleure pas, je t’en prie.

— Je ne pleure jamais, murmura-t-elle.

Le front plissé par la perplexité, elle se toucha la joue du dos de la main avant de regarder la larme qui lui avait humidifié la peau. Ses lèvres s’entrouvrirent tandis qu’elle fixait d’abord la gouttelette puis ses ongles incurvés – de véritables griffes, malgré leur élégance. Enfin, ses yeux se posèrent sur Sébastian. Elle déglutit, comme sous le coup de la peur.

— Dis-moi ce qui te tracasse.

Il avait un but, maintenant : la protéger, veiller sur elle, détruire tout ce qui la menaçait.

— Mon aide t’est acquise… ma fiancée.

— Je ne serai jamais la fiancée d’un être de ton espèce. Jamais…

— Tu as fait battre mon cœur.

— Tu m’as fait ressentir, siffla-t-elle.

Il ne comprit pas ce qu’elle voulait dire, pas plus qu’il ne comprit à quoi rimaient ses réactions, au cours des quelques minutes suivantes. Il se contenta de la regarder avidement, enregistrant chaque détail – le battement de ses cils épais lorsqu’elle baissait les yeux, ses lèvres pleines et rouges. Des émotions visiblement douloureuses se succédaient par vagues dans ses yeux étincelants. Elle tremblait. Puis ses larmes se tarirent aussi brusquement qu’elles s’étaient mises à couler. Elle lui sourit, un sourire bouleversant. Son regard malicieux, quoique sombre, prit une nuance provocante. Il n’avait jamais rien vu de plus excitant, mais alors qu’il se demandait s’il parviendrait à en supporter davantage, cette expression disparut subitement. Un violent frisson secoua la jeune femme, qui baissa la tête pour poser le front contre le torse de Sébastian.

Alors que sa douloureuse érection se rappelait impérieusement à lui, elle releva la tête. Une fois de plus, son expression avait changé. Ses hautes pommettes s’étaient rosies, ses lèvres entrouvertes. Elle se cramponna aux épaules de son compagnon. Il contemplait sa bouche quand elle se passa la langue sur la lèvre inférieure. Le message était clair.

Elle… elle le désirait. Lui. Il ne comprenait pas ce qui leur arrivait.

Les yeux de l’inconnue s’écarquillèrent puis se plissèrent, tandis qu’elle passait autour de son cou ses bras délicats. Je pourrais la caresser… Elle me laisserait la caresser… Jamais il n’avait été aussi dur. Il avait tellement envie de s’enfouir en elle qu’il aurait donné n’importe quoi pour le faire.

Sans quitter des yeux la bouche de Sébastian, elle renversa la tête en arrière.

— Ça, ça me manque… murmura-t-elle d’une voix rauque.

Il n’eut pas le temps de s’interroger sur ce qu’elle voulait dire au juste que, déjà, elle refermait les bras, plaquant leurs deux corps l’un contre l’autre. Ses seins se pressèrent contre la poitrine de Sébastian, qui laissa échapper un gémissement. Ils étaient si ronds, si opulents… Ses mains en épouseraient parfaitement la forme, il le savait.

Seigneur ! Il avait enduré des siècles de solitude sans le moindre contact avec autrui, et voilà qu’il tenait dans ses bras sa fiancée, souple et douce. Pourvu que ce ne soit pas un rêve ! Avant de perdre contenance, il posa les mains sur la taille fine de la jeune femme pour la serrer plus fort encore contre lui.

— Comment t’appelles-tu ?

— Mmm ? murmura-t-elle distraitement. Je… je m’appelle… Kaderin.

— Kaderin, répéta-t-il.

Ça n’allait pas. C’était un nom trop froid, trop formel pour la créature qu’il étreignait et dont il scrutait les yeux brillants.

— Katia… murmura-t-il.

Il s’aperçut avec stupeur qu’il lui passait lentement le pouce sur la lèvre inférieure.

— Katia, je…

Sa voix rauque se brisa, l’obligeant à déglutir avant de reprendre :

— Je vais… t’embrasser.

À ces mots, les yeux bruns qu’il contemplait virèrent à l’argenté, tandis que la visiteuse semblait plonger dans une sorte de transe. Quant à lui, il restait assez lucide pour remarquer cette stupéfiante réaction, mais la bouche sensuelle, rouge et luisante, l’attirait irrésistiblement.

— J’aimais être embrassée, chuchota-t-elle d’un ton lointain.

Sa respiration se faisait haletante.

Parviendrait-il à en rester là ? Il glissa derrière la tête de la jeune femme une main tremblante, prêt à l’attirer contre lui. Sans doute avait-elle assez de force pour l’accueillir… Et puis, c’était une guerrière, après tout : elle le tiendrait en respect, si jamais il lui faisait mal.

Il devinait en tout cas qu’elle ne lui jetterait pas le regard larmoyant, bouleversé, que les femmes lui lançaient par le passé, quand d’aventure il leur marchait sur le pied ou les heurtait au coin d’une rue – ce regard qui le déprimait tellement.

— Encore, vampire, murmura-t-elle. Débrouille-toi pour que ça en vaille la peine, que ce soit…

Quand leurs lèvres se touchèrent, Sébastian gémit. Il lui semblait que l’électricité lui chatouillait la peau.

— Seigneur, balbutia-t-il en s’écartant d’elle.

Rien ne lui avait jamais paru aussi puissant, aussi parfait que ce baiser. L’avidité inscrite sur les traits de sa fiancée ne fit que croître.

S’il avait su que sa transformation en vampire lui vaudrait un tel instant de perfection, aurait-il enduré le processus avec joie ?

Lorsqu’il embrassa de nouveau Katia – avec douceur, pour commencer –, elle gémit contre sa bouche :

— Encore…

Il la serra violemment dans ses bras, avant de se ressaisir – Non, idiot… – et de relâcher son étreinte.

Les griffes de la jeune femme s’enfoncèrent aussitôt dans ses biceps. Un frisson le traversa.

— Non, ne te retiens pas. Je veux plus…

Elle voulait plus… et il voulait lui donner tout ce qu’elle pouvait désirer. Parce que… parce qu’elle était sienne. Quand, enfin, l’évidence s’imposa à lui, sa retenue s’évapora. En un clin d’œil – un battement de cœur –, il avait trouvé sa compagne. Un rugissement de triomphe monta en lui. Les griffes qui plongeaient dans sa chair achevaient de l’enivrer. On aurait dit qu’elle craignait qu’il ne cherche à s’écarter d’elle. Lui.

— Embrasse-moi, vampire, ou je te tue.

Il ne put se retenir de sourire contre les lèvres rouges. Une femme le menaçait de ses foudres, au cas où il arrêterait de l’embrasser ?

Il obéit, goûta la langue de la visiteuse, la titilla, avant de s’emparer avec ardeur de la bouche offerte, tandis que les lentes ondulations des hanches plaquées contre les siennes rythmaient la danse de sa propre langue.

Sébastian mettait dans ce baiser toute la passion qui lui avait si longtemps été refusée, tout l’espoir dont il avait été dépouillé et qu’on lui rendait enfin. Lui qui était las de vivre retrouvait l’envie en lieu et place du dégoût – grâce à elle. Il lui exprima donc sa reconnaissance… en l’embrassant jusqu’à ce qu’elle s’effondre contre lui, haletante.

Sa maîtrise de lui-même l’abandonnait aussi. L’envie le prenait de faire subir au corps adorable de sa fiancée de véritables perversions… et il ne tarderait pas à succomber à la tentation.

— Je te donnerai tout ce que tu veux. Toute ma vie…

Pour la première fois en trois cents années d’enfer, Sébastian avait désespérément envie de vivre.

La Valkyrie Sans Coeur
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